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3^0 DOCTRINE DU DROIT.

fournirait pas une nourriture suffisante pour un grand nombre d'hommes, comme celui qui couvre aujourd'hui le pays.------De même donc que Ton peut dire des plantes (par exemple des pommes de terre) et des ani­maux domestiques, qu'étant, sous le rapport de leur abondance, Y œuvre de l'homme ', on peut les employer, les consommer, les détruire (les laisser périr) ; de même il semble que l'on puisse attribuer au pouvoir suprême dans l'État* au souverain, le droit de conduire ses sujets, qui sont en grande partie ses produits, à la guerre comme à. une chasse, et au combat comme à une partie de plaisir. Mais ce principe de droit (qui probablement se pré­sente obscurément à l'esprit des monarques) n'a de valeur que relativement aux animaux, qui peuvent être une propriété de l'homme, et il ne s'applique nul­lement à l'homme, surtout comme citoyen. Celui-ci veut toujours être considéré dans l'État comme un membre du pouvoir législatif (comme n'étant pas seu­lement un moyen, mais en même temps aussi une fin en soi) ; par conséquent il doit pouvoir, par le moyen de ses représentants, donner son libre suffrage, non-seulement sur la guerre en général, mais encore sur chaque déclaration de guerre en particulier, et ce n'est qu'à cette condition que l'État peut exiger de lui un service aussi périlleux que le service militaire. Nous dériverons donc ce droit du devoir du souve­rain envers le peuple (et non réciproquement). Il faut qu'on puisse considérer celui-ci comme ayant donné

1 Maehwerk.