Page:Kant - Éléments métaphysiques de la doctrine du droit.djvu/585

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

C’était bien ; mais — comme les vieilles tantes ont coutume de dire en contant leurs fables, — ce n’était pas encore par trop bien. La fiction va donc prendre un autre cours.

Après que, dans les six gouvernements suivants, le peuple out choisi, dans l’intérêt général, le fils du prince précédent, alors, poursuit l’histoire fantastique, soit que le temps eût insensiblement apporté quelque fâcheuse révélation, soit que tout gouvernement fasse peser sur le peuple des charges dont il espère toujours être allégé par un nouveau changement de gouvernement, des démagogues parurent, et l’on proclame ce qui suit.

Dans le septième gouvernement le peuple choisit, il est vrai, le fils du prince précédent ; mais celui-ci était déjà au niveau du siècle en fait de culture et de luxe, et il avait d’autant moins de goût à travailler à assurer le bien du peuple au moyen d’une bonne administration, qu’il avait plus de penchant pour les plaisirs. Il laissa donc tomber l’ancienne citadelle, et fit construire, pour sa propre satisfaction et pour celle du peuple, _ des maisons de plaisance et de chasse consacrées à des réjouissances solennelles et à de grandes parties. Le magnifique théâtre fut converti en une grande salle de danse, et l’ancien service de table, qui était d’argent, en un beau service de porcelaine, sous prétexte que l’argent, étant monnayé 1, promet. ` au commerce du pays une meilleure circulation. — Dans le huitième, l’héritier du gouvernement, déjà consacré par le peuple, trouva plus sage d’abolir le droit de primogéniture jusque-là en usage, et même il obtint en cela l'assentiment du peuple, car celui-ci doit finir par comprendre que le premier né n’est pas pour cela le mieux né. — Dans le neuvième, le peuple se serait trouve mieux et plus heureux d’instituer certains collèges nationaux dont le personnel dùt se renouveler,


ment héréditaire de ce genre ; mais, suivant le principe de l’éleutéronomie (dont la doctrine du droit est une partie), il n’établira pas de législateur extérieur subalterne, car il doit se considérer comme dictant lui-même des lois dont il est en même temps le sujet, et il faut par conséquent que la pratique (dans les choses de la raison) se règle absolument sur la théorie. — Il est injuste de prendre une pareille décision, quelque utile que cela puisse être à l’État, même dans beaucoup de cas, ce qui d’ailleurs n’est jamais certain.

  • Das Silber, als Geld.