Page:Kant - Anthropologie.djvu/148

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cependant à rien, par exemple sur la perte d’un époux, qui ne reviendra pas à la vie pour autant, afin de trouver du soulagement dans la douleur même, est un dérangement d’esprit (Verrücktheit) silencieux ou tranquille. — La superstition (Aberglaube) est plutôt comparable à l’aliénation, et l’enthousiasme à l’égarement. Cette dernière affection mentale est souvent appelée aussi (par euphémisme) une exaltation cérébrale, ou bien encore une excentricité.

Les paroles délirantes du fiévreux, ou l’accès d’une rage voisine de l’épilepsie, qui est quelquefois excité sympathiquement par une imagination puissante à la vue fixe d’un furieux (ce qui fait qu’on devrait dissuader les personnes d’une mobilité nerveuse de renoncer à la curiosité de voir ces infortunés jusque dans leurs cellules), ne doivent pas encore être réputées, comme les perturbations précédentes, un dérangement de l’esprit. — Quant à ce qu’on appelle caractère chagrin (Wurm), — qui n’est pas une maladie de l’esprit, car on entend ordinairement par là une aberration du sens intime accompagnée de tristesse, — c’est le plus souvent un orgueil voisin de l’hallucination. Celui-là y est particulièrement sujet, qui voudrait que d’autres, en se comparant à lui, conçussent d’eux-mêmes un certain mépris ; en quoi il va contre son propre dessein (qui est celui d’un esprit faux), puisqu’il excite par là les autres hommes à porter atteinte à sa présomption par tous les moyens possibles, à le vexer, et, pour le punir de sa folie offensante, à le couvrir de ridicule. — L’expression que chacun a sa marotte est