Page:Kant - Anthropologie.djvu/155

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reproduction d’un sermon appris par cœur, c’est une mesure nécessaire, et qui fait partie des précautions à prendre dans l’intérêt de la santé de l’esprit. Une méditation soutenue sur un seul et même sujet laisse, en quelque sorte, dans l’esprit un retentissement qui fatigue la tête, et ne peut être empêché que par une distraction et l’application de l’attention à d’autres objets, par exemple à la lecture des journaux. Ce retentissement est comme ces musiques dansantes, qui, pour peu qu’elles se prolongent, résonnent encore à l’imagination après qu’on est sorti de la salle de bal, ou comme ces bons mots de la façon des enfants, et qu’ils goûtent si fort, qu’ils ne cessent de les répéter, surtout s’ils sont accompagnés d’un mouvement rhythmique. — Le recueillement (collectio animi), comme préparation à quelque nouveau travail, rétablit l’équilibre des facultés de l’âme et procure la santé de l’esprit. Le moyen de cette espèce le plus salutaire, c’est une conversation qui roule sur des sujets variés, — et qui est comme un jeu ; — mais elle ne doit pas passer subitement d’un sujet à un autre, sans tenir compte de l’association naturelle des idées et de leurs intermédiaires ; autrement la conversation ressemble à la situation intellectuelle d’un homme dont les idées seraient décousues, puisqu’il y mêle le cent avec le mille, et que l’unité du discours est tout à fait manquée ; l’esprit s’y perd donc, et aurait besoin d’une distraction pour se délivrer de celle-là.

On voit par là qu’il y a pour ceux qui travaillent un art (plus commun) qui fait partie de la diététique de