Page:Kant - Anthropologie.djvu/167

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée



§ LI.

Il est difficile de soumettre à une division systématique ce qui est essentiellement désordonné et incurable. Il est peu utile également de s’en occuper, parce que les facultés du sujet ne concourant pas à la guérison (comme il arrive dans les maladies corporelles), et cette fin ne pouvant néanmoins être atteinte que par l’usage intellectuel propre, tous les procédés curatifs doivent, à cet égard, rester sans effet. Toutefois, l’anthropologie veut, bien qu’elle ne puisse être ici qu’indirectement pratique, qu’on ne prescrive que des abstentions (Unterlassungen), pour essayer du moins une esquisse générale de cet abaissement si profond, mais cependant naturel, de l’humanité. On peut diviser l’aberration en général, en aberration désordonnée {tumultuaire), en méthodique et en systématique.

1° L’absence (Unsinnigkeit, amentia) est l’impuissance d’ordonner suffisamment ses représentations pour qu’il y ait seulement expérience. Dans les Peti-

    un enfant. Il la tenait pour un esprit faux. Car, disait-il, celui qui tire une conclusion vraie de prémisses fausses est un esprit mal fait. Or cette personne part du principe que la détention est une tache indélébile, pire que la mort (ce qui est faux), d’où elle conclut à la résolution de mériter la mort. — Elle n’était donc pas dans son bon sens et, partant, elle devait échapper à la peine capitale. — À ce compte, il serait facile de faire passer tous les crimes pour des aberrations de l’esprit, qu’il faudrait déplorer et guérir, mais pas punir.