Page:Kant - Anthropologie.djvu/168

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tes-Maisons, les femmes, grâce à leur loquacité, sont particulièrement sujettes à l’infirmité d’entremêler à ce qu’elles racontent tant de parenthèses fournies par leur vive imagination, que personne ne comprend précisément ce qu’elles veulent dire. Cette première espèce d’aberration est tumultuaire.

2° La démence (Wahnsinn, dementia) est ce renversement de l’esprit qui fait que tout ce que raconte l’aliéné, quoique assez d’accord avec les lois de la pensée pour qu’il y ait expérience possible, est cependant faussé par une imagination poétique qui en impose au point que le narrateur prend pour des perceptions véritables des représentations toutes spontanées. Tels sont ceux qui se croient toujours environnés d’ennemis, qui épient les démarches, les paroles ou les actions les plus indifférentes comme si tout cela se rapportait à eux, et en font autant de pièges qui leur sont tendus. — Ces infortunés sont si ingénieux dans l’art d’interpréter dans leur sens tout ce que font les autres sans aucun mauvais dessein, que si les données seulement étaient véritables, il faudrait rendre hommage à leur entendement. — Je n’ai jamais vu personne guérir de cette maladie (car c’est une disposition particulière à délirer avec raison). Mais ces sortes d’aliénés ne sont cependant pas à renfermer, parce que, tout préoccupés d’eux-mêmes, ils n’usent de leur prétendue subtilité que pour leur propre conservation, sans exposer les autres, et n’ont pas besoin d’être renfermés par mesure de précaution. Cette seconde espèce d’aberration est méthodique.