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220 DE LA FACULTÉ APPÉTITIVE.

§ LXXV. ? DES DIFFÉRENTES SORTES D'ÉMOTIONS. Le sentiment qui porte le sujet à rester dans l'état où il est, est un sentiment agréable; celui qui le porte à Y abandonner est désagréable (1). Le premier de ces sentiments, uni à la conscience, s'appelle plaisir {vo* luptas), le second peine (tœdium). Comme émotion, le premier prend le nom de joie, le second celui de tristesse. — Une joie excessive (qui n'est tempérée par le souci d'aucun chagrin) et la tristesse sans contrepoids (qui n'est allégée par aucune espérance), le chagrin "sont des émotions qui menacent l'existence. Cependant la statistique des décès prouve qu'un plus grand nombre d'hommes meurent subitement sous l'impression de la joie que sous celle de la tristesse, parce que Yespérance, comme émotion, se laisse emporter par une perspective inattendue d'un bonheur incommensurable que l'âme se promet sans restriction, ce qui porte l'émotion jusqu'à l'étouffement. Au contraire le chagrin, dans ses appréhensions continuelles même, est cependant toujours combattu par l'âme, et n'est mortel qu'à la longue. L'effroi est la crainte subite qui jette l'âme hors d'elle-même. Le saisissement, qui surprend (mais sans

(l)Comp. §LXX.