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DE LA PHYSIOGNOMONIE. 283

D· la physiognomonie. f C'est l'art de juger par la forme sensible d'un homme, par conséquent par son extérieur, de sa manière de sentir ou de penser, ou de son intérieur. — On le juge ainsi non dans son état de maladie, mais dans son état de santé; non dans un état d'agitation, mais quand l'âme est en repos. — 11 va sans dire que si celui qu'on juge de la sorte s'aperçoit qu'on l'observe, qu'on cherche à le pénétrer, son âme ne sera pas tranquille ; elle sera dans un état de contrainte et de mouvement intérieur, de déplaisir même de se voir exposée à la censure d'autrui. De ce qu'une montre a une belle boite, on n'en peut pas juger avec certitude (dit un célèbre horloger) que le mouvement en soit bon ; mais si la boîte en est peu soignée, on peut en conclure avec assez d'assurance que l'intérieur est mauvais; l'ouvrier n'aura pas compromis un ouvrage soigné et réussi, par un extérieur de vil prix et négligé. — Mais il serait absurde de juger par analogie avec un ouvrier humain le créateur iûgcrutable de la nature, et de conclure ici comme là qu'il aura peut-être donné aussi à une bonne âme un beau corps, afin de recommander et de faire agréer aux autres hommes celui qu'il crée de la sorte, ou, réciproquement, pour inspirer l'éloignement de l'un à l'autre (par le hic niger est, hune tu, Romane, caveto). Car le goût, qui contient un principe purement subjectif de plaisir ou de déplaisir d'un homme à un au-