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CARACTÈRE DU SEXE.

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afin de convertir en une liaison domestique et durable leur communauté sexuelle.

Il ne suffit pas, pour l'unité et l'indissolubilité d'une union, de l'association volontaire de deux personnes ; l'une des parties doit être soumise à l'autre, et celle-ci, réciproquement, être supérieure à celle-là, afin de pouvoir la dominer ou la régir. Car, avec l'égalité de deux prétentions qui ne pourraient se passer l'une de l'autre, l'amour de soi ne produit que discorde. Avec le progrès de la civilisation, la supériorité doit être de nature diverse : l'homme doit être au-dessus de la femme par ses facultés corporelles et son courage, mais la femme doit être au-dessus de l'homme par les dons de la nature, afin de se rendre maître de l'inclination de l'homme pour elle. C'est le contraire dans l'état sauvage ; la supériorité n'existe que du côté de l'homme. — Le caractère propre de la femme est donc plutôt un objet d'étude anthropologique pour les philosophes que celui de l'homme. On ne peut pas plus le connaître dans un état de grossière nature qu'on ne peut connaître celui des pommes et des poires sauvages, dont la diversité ne se révèle que par la greffe et la culture ; car la civilisation ne donne pas ces qualités féminines, elle n'est que l'occasion de leur développement et de leur manifestation dans des circonstances favorables. Les féminalités sont traitées de faiblesse. On en plaisante ; les insensés en font le sujet de leurs railleries, mais les sages voient très bien qu'elles sont précisément le levier destiné à mouvoir la masculinité,