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CARACTÈRE DU SEXE.

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publiquement pour amant d'autres hommes que son mari), l'homme corrige sa femme si elle le menace d'un concurrent (1). Mais dès qu'une fois la galanterie est devenue de mode, et la jalousie ridicule (comme cela ne tarde pas d'arriver en temps de luxe), le caractère féminin se dévoile : il aspire à la faculté d'être libre à l'égard des hommes, et par là même de conquérir ce sexe tout entier. — Cette inclination, malgré la réputation fâcheuse qui l'atteint sous le nom de coquetterie, ne manque cependant pas d'un fondement réel et propre à la justifier. En effet, toute jeune femme est toujours exposée à devenir veuve ; ce qui fait qu'elle met en jeu ses attraits contre tous les hommes dont les circonstances pourraient faire des époux, afin, s'il y a lieu, de ne pas manquer de poursuivants.

Pope croit que l'on peut caractériser le sexe féminin (la partie cultivée de ce sexe s'entend) par deux points : l'inclination à dominer et l'inclination à

(4) La vieille tradition russe, que les femmes méprisaient leurs maris d'avoir d'autres femmes, si elles n'en étaient pas de temps en temps battues, est généralement regardée comme une fable. On lit néanmoins dans les voyages de Cook qu'un matelot anglais voyant # un Indien d'Otalti battre sa femme, voulut faire le galant et menaça le mari. A l'instant la femme se tourne vers l'Anglais et lui demande de quoi il se mêle, qu'un mari ne doit pas faire autrement. — On trouve aussi que si la femme matiée se livre ostensiblement à la galanterie, et que le mari n'y fasse pas attention, et qu'au lieu de la surveiller il se dédommage en buvant, en jouant, ou avec des maîtresses, non seulement la femme le méprise, mais elle le hait, parce qu'elle voit par là qu'elle n'est plus pour lui d'aucun prix, et qu'il l'abandonne indifféremment à d'autres, comme des os à ronger.