Page:Kant - Critique de la raison pratique (trad. Picavet).djvu/203

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nelle (qui se réduit à rien, s’il n’est en accord avec la loi morale), l’effet de cette loi sur le sentiment est simplement humiliation, que nous pouvons sans doute percevoir (einsehen) à priori, sans toutefois pouvoir connaître par elle la force de la loi pure pratique comme mobile, mais seulement la résistance aux mobiles de la sensibilité. Cependant comme cette même loi est objectivement, c’est-à-dire dans la représentation de la raison pure, un principe immédiat de détermination de la volonté et que par conséquent cette humiliation n’a lieu que relativement à la pureté de la loi, l’abaissement (Herabsetzung) des prétentions de l’estimation morale de soi-même, c’est-à-dire l’humiliation du coté sensible, est une élévation de l’estimation morale, c’est-à-dire pratique, de la loi elle-même du côté intellectuel, en un mot le respect pour la loi est aussi un sentiment, positif par sa cause intellectuelle, qui est connu à priori1. Car tout ce qui diminue les obstacles à une activité, en favorise par cela même le développement. Mais reconnaître la loi morale, c’est avoir conscience d’une activité de la raison pratique d’après des principes objectifs,qui ne révèle pas son effet dans des actions, simplement parce que des causes subjectives (pathologiques) l’en empêchent. Donc le respect pour la loi morale doit aussi être considéré comme un effet positif, mais indirect de cette loi sur le sentiment, en tant qu’il2 affaiblit l’influence contrariante


1 Voyez p. 133.

2 Le texte de Rosenkranz porte jener ; Hartenstein y substitue jenes.

Barni traduit comme s’il y avait jener. Nous suivons Hartenstein et faisons de jenes un pronom neutre (cela) qui rappelle l’idée exprimée par Achtung. (F. P.)