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tiquement (8) suivant des principes déterminés, c’est ce qu’on voit tout de suite, en songeant que cette table renferme intégralement tous les concepts élémentaires de l’entendement, même la forme d’un système de ces concepts dans l’entendement humain, et, par suite, qu’elle donne leur direction et aussi leur ordre à tous les moments d’une science spéculative, comme j’en ai fourni ailleurs une preuve[1]. Voici donc quelques-unes de ces remarques.

La première est que cette table qui comprend quatre classes de concepts de l’entendement se divise d’abord en deux parties, dont l’une se rapporte aux objets de l’intuition (aussi bien pure qu’empirique) et l’autre à l’existence de ces objets (soit par rapport les uns aux autres, soit par rapport à l’entendement).

La première classe, je l’appellerais la classe des catégories mathématiques et la seconde, celle des catégories dynamiques. La première classe n’a point, comme on le voit, de corrélatifs ; on n’en trouve que dans la seconde. Cette distinction doit avoir un fondement dans la nature de l’entendement.

2e  Remarque. — Il y a d’ailleurs un nombre égal de catégories dans chaque classe, à savoir trois, ce qui également mérite réflexion, puisque, d’autre part, toute division a priori par concepts doit être une dichotomie. Ajoutez à cela que la troisième catégorie clans chaque classe résulte toujours de l’union de la deuxième avec la première.

Ainsi la totalité (Allheit) n’est autre chose que la pluralité (Vielheit) considérée comme unité, la limitation que la réalité jointe à la négation, la communauté que la causalité d’une substance déterminée par une autre qu’elle détermine à son tour, enfin la nécessité que l’existence qui est donnée par la possibilité même. Mais qu’on n’en conclue pas que la troisième catégorie soit un simple concept dérivé et non un concept primitif de l’entendement pur. En effet, cette union de la première et de la deuxième catégorie pour former le troisième concept exige un acte spécial de l’entendement qui n’est pas identique avec celui qui a lieu dans le premier et le deuxième. Ainsi, le concept d’un nombre (appartenant à la catégorie de la totalité) n’est pas toujours possible là où les concepts de pluralité

  1. Premiers principes métaphysiques de la physique (Narturwissens chaft).