Page:Kant - Critique de la raison pure, 1905.djvu/27

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essayé de rendre ces nuances et cette ironie passagère, en suivant pas à pas la marche des phrases ; il nous a paru nécessaire, pour traduire fidèlement, de garder leur ampleur aux périodes, de conserver au style ses longueurs et parfois sa lourdeur pesante. Nous avons maintenu les incidentes, tout en nous permettant d’user, de temps à autre, de signes typographiques pour faciliter la lecture. Avons-nous réussi à faire passer dans ce livre le souffle et la couleur de l’œuvre originale ? Ce n’est pas à nous d’en juger.

Nous devons maintenant à nos lecteurs quelques explications sur la disposition par nous adoptée. Jusqu’ici tous les éditeurs et tous les traducteurs de la Critique avaient opté entre le texte des deux premières éditions et s’étaient évertués à justifier doctement leur préférence. Il nous a semblé que le problème ne se posait pas ou que, du moins, nous n’avions ni à le poser ni à le résoudre. Les différences essentielles qu’on a voulu voir entre les deux textes n’existent pas au dire de Kant. Voici en effet ce qu’on lit dans la préface de la seconde édition[1] : « Dans les propositions mêmes et dans leurs preuves, non plus que dans la forme et que dans l’ensemble du plan, je n’ai rien trouvé à changer, ce qui s’explique… par la nature même du sujet, à savoir par la nature d’une raison pure spéculative qui renferme une véritable organisation… où tout existe pour chaque membre et chaque membre pour tous les autres… L’invariable fixité de ce système s’affirmera de plus en plus dans l’avenir… Si on essaie de changer la plus petite partie, on est amené aussitôt à des contradictions qui portent non seulement sur le système, mais sur toute la raison humaine en général. » Les seuls changements apportés ne touchent pas le fond, ils ne

  1. Pages 33 et 34 de la présente traduction.