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Page:Kant - Critique de la raison pure, 1905.djvu/568

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touchant la diversité ou l’unité de la nature qui peuvent bien s’unir absolument, mais qui, tant qu’on les prend pour des aperçus objectifs, non seulement occasionnent un conflit, mais encore sont des obstacles qui retardent la vérité jusqu’à ce qu’on ait trouvé un moyen de concilier les intérêts opposés et de tranquilliser la raison sur ce point.

On s’y prend de même pour défendre ou pour attaquer cette fameuse loi, que Leibniz a mise en circulation et que Bonnet, a si admirablement appuyée de l’échelle continue des créatures : elle n’est qu’une conséquence du principe d’affinité basé sur l’intérêt de la raison : car l’observation et la vue des dispositions de la nature ne sauraient la fournir à titre d’affirmation objective. Les degrés de cette échelle, tels que l’expérience peut nous les montrer, sont trop éloignés les uns des autres et nos prétendues petites différences sont ordinairement, dans la nature même, de si vastes abîmes qu’on n’a rien à attendre d’observations de ce genre comme dessein de la nature (surtout dans une grande variété de choses, où il doit toujours être aisé de trouver certaines analogies et certains rapprochements). Au contraire, la méthode qui consiste à chercher l’ordre dans la nature suivant un principe et la maxime qui nous le fait considérer comme fondé dans une nature en général, sans pourtant déterminer où et jusqu’où il s’étend, cette méthode, dis-je, est incontestablement un principe régulateur légitime et excellent de la raison, qui, comme tel, va beaucoup trop loin pour que l’expérience et l’observation puissent lui être adéquates, mais qui, sans rien déterminer, leur trace cependant la voie de l’unité systématique.

DU BUT FINAL DE LA DIALECTIQUE NATURELLE DE LA RAISON HUMAINE

Les idées de la raison pure ne peuvent jamais être en elles-mêmes dialectiques, leur abus seul peut faire qu’il en résulte en nous une apparence trompeuse ; car elles nous sont données par la nature de notre raison et il est impossible que ce tribunal suprême de tous les droits et de toutes les prétentions de notre spéculation renferme des illusions et des prestiges originels. Elles ont donc, apparemment, une destination bonne et utile dans la constitution naturelle de notre raison. Mais la tourbe des sophistes crie, comme c’est son habitude,