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préface de la seconde édition


qui suivait, aucun malentendu commis par un lecteur informé et impartial ne m’avait été signalé ; je n’ai pas besoin de nommer, avec les louanges qu’ils méritent, les juges dont j’ai pris les avis en considération, ils trouveront bien d’eux-mêmes les endroits que j’ai retouchés d’après leur conseil. Ces corrections entraînent pour le lecteur un léger dommage qu’on ne pouvait pas éviter sans rendre ce livre trop volumineux, en effet, plus d’un lecteur pourrait regretter divers passages qui, sans être, il est vrai, essentiels à l’intégrité de l’ensemble, pourraient être utiles à un autre point de vue, et qu’il a fallu supprimer ou raccourcir pour faire place à une exposition qui, je l’espère, est maintenant plus claire. Cette nouvelle exposition ne change du reste absolument rien au fond, pour ce qui est des propositions et de leurs preuves mêmes ; mais cependant, elle s’écarte tellement, par endroits, de l’ancienne, dans la manière de présenter les choses, qu’il n’était pas possible de l’y intercaler. Ce léger dommage, que chacun peut d’ailleurs, à son gré, réparer par la comparaison avec la première édition, sera bien compensé, je l’espère, par une plus grande clarté. J’ai remarqué, dans divers écrits publiés (soit à l’occasion de l’examen de certains livres, soit dans des traités spéciaux), j’ai remarqué, avec un plaisir reconnaissant, que l’esprit de profondeur n’est pas mort en Allemagne, qu’il n’y a été étouffé seulement que pour peu de temps par la mode d’une liberté de penser affectant le génie, et que les épineux sentiers de la Critique qui conduisent à une science de la raison pure

    sentations et par rapport à quoi leur changement, — et, par conséquent, mon existence dans le temps où elles changent, — puisse être déterminé. » On objectera sans doute à cette preuve que je n’ai cependant la conscience immédiate que de ce qui est en moi, c’est-à-dire de ma représentation des choses extérieures, et que, par conséquent, il reste toujours à établir si quelque chose qui y correspond existe ou non hors de moi. Mais j’ai conscience de mon existence dans le temps (par conséquent aussi de la faculté qu’elle a d’y être déterminable) par mon expérience interne, ce qui est plus que d’avoir simplement conscience de ma représentation, mais ce qui est identique à la conscience empirique de mon existence, laquelle n’est déterminable que par rapport à quelque chose qui existe hors de moi et qui est lié à mon existence. Cette conscience de mon existence dans le temps est donc identiquement liée à la conscience d’un rapport à quelque chose hors de moi, et c’est, par conséquent, l’expérience et non la fiction, les sens et non l’imagination qui lient inséparablement l’extérieur à mon sens interne, car le sens externe est déjà par lui-même une relation de l’intuition à quelque chose de réel existant hors de moi et dont la réalité, à la différence de la fiction, ne repose ; que sur ce qu’il est inséparablement lié à l’expérience intérieure elle-même, comme à la