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INTRODUCTION 43

rience n’est connu, comme on dit, qu’ a posteriori ou empiriquement.

On voit par là, — et il faut bien le remarquer, — que, même à nos expériences, il se mêle des connaissances qui doivent avoir une origine a priori et qui peut-être servent seulement à fournir une liaison aux représentations des sens. Car, si on élimine des premières tout ce qui appartient aux sens, il reste cependant certains concepts primitifs et certains jugements que ces concepts produisent et qui doivent être formés entièrement a priori, indépendamment de l’expérience, puisque c’est grâce à eux qu’on a le droit,— ou que du moins on croit l’avoir — de dire des objets qui apparaissent à nos sens plus que n’en apprendrait la simple expérience, et puisque c’est par eux que des assertions (Behauptungen) renferment une véritable universalité et une nécessité stricte, caractères que la connaissance simplement empirique est incapable de fournir[1]. <Mais> il est une chose beaucoup plus significative [que tout ce qui précède], c’est que certaines connaissances, sortent même du champ de toutes les expériences possibles, et, par. des concepts, auxquels l’expérience ne peut nulle part donner d’objet correspondant (entsprechender), ont l’apparence d’étendre nos jugements au delà des limites de l’expérience. Et c’est précisément dans ces dernières connaissances élevées au-dessus du monde sensible et où l’expérience ne . peut pas plus servir de direction que de contrôle, que notre raison porte ses recherches que nous jugeons bien préférables au point de vue de l’importance et supérieures de beaucoup par leur but à tout ce que l’entendement peut apprendre dans le champ des phénomènes. Pour ce motif (wobei), même au risque de nous tromper, nous tentons tout plutôt que d’aban-

1. A cet endroit la 2e éd. ajoute le titre suivant : III. — La philosophie a besoin d’une science qui détermine la, possibilité, les principes et l’étendue de toutes les connaissances a priori.


la nécessite avec laquelle un concept s’impose à vous (euch auf- dringt), vous reconnaissiez qu’il a son siège a priori dans votre pouvoir de connaissance.

  1. A cet endroit la 2e éd. ajoute le titre suivant : III. — La philosophie a besoin d’une science qui détermine la, possibilité, les principes et l’étendue de toutes les connaissances a priori.