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42 INTRODUCTION

même temps (solche... die zugleich... haben) le caractère de la nécessité intrinsèque, doivent, indépendamment de l’expérience, être claires et certaines par elles-mêmes ; c’est pour ce motif qu’on les nomme connaissances a priori, tandis que ce qui, au contraire, est puisé uniquement dans l’expé-

dans le sens strict et, par suite, purs, a priori, se trouvent réelle- ment dans la connaissance humaine, il est facile de le montrer. Si l’on veut un exemple pris dans les sciences, on n’a qu’à parcourir des yeux toutes les propositions de la mathématique ; si on en veut un tiré de l’usage le plus ordinaire de l’entendement, on peut prendre la proposition : Tout changement doit avoir une cause. Qui plus est, dans cette dernière, le concept même d’une cause renferme manifestement le concept d’une liaison nécessaire avec un effet et celui do la stricte universalité de la règle, si bien que ce concept de cause serait entièrement perdu, si on devait le dériver, comme le fait HUME, d’une association fréquente de ce qui arrive avec ce qui précède et d’une habitude qui en résulte (d’une nécessité, par conséquent, simplement subjective) de lier des représentations. On pourrait aussi, sans qu’il fût besoin de pareils exemples pour prouver la réalité des principes purs a priori dans notre connaissance, montrer que ces principes sont indispensables (2) pour que l’expérience même soit possible, et en exposer, par suite, la nécessité a priori.. D’où l’expérience, en effet, pourrait-elle tirer sa certitude, si toutes les règles, suivant lesquelles elle procède, n’étaient jamais qu’empiriques, et par là même contingentes ? Il serait difficile à cause de cela de donner à ces règles la valeur de premiers principes. Mais nous pouvons nous contenter ici d’avoir exposé, à titre de fait et avec ses critères, l’usage pur de notre pouvoir de connaissance. Et ce n’est pas simplement dans les jugements, mais encore dans quelques concepts mêmes que se révèle une origine a priori. Enlevez peu à peu du concept expérimental que vous avez d’un corps tout ce qu’il y a d’empirique : la couleur, la dureté ou la mollesse, la pesanteur, l’impénétrabilité, il reste cependant l’espace qu’occupait ce corps (maintenant totalement évanoui) et que vous ne pouvez pas faire disparaître. Pareillement, si dans le concept empirique que vous avez d’un objet (Objects) quel qu’il soit, corporel ou non corporel, vous laissez de coté toutes les propriétés que vous enseigne l’expérience, il en est une cependant que vous ne pouvez lui enlever, celle qui vous le fait penser comme substance ou comme inhérent à une substance (bien qu’il y ait dans ce dernier concept plus de détermination que dans le concept d’un objet (eines Objects) en général). Il faut donc que, poussés par