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< II. — Divisions de la philosophie transcendantale. >

La philosophie transcendantale n’est ici qu’une idée[1] dont la critique de la raison pure doit esquisser tout le plan d’une manière architectonique, c’est-à-dire par principes, en même temps qu’elle garantit complètement la perfection (Vollständigkeit) et la solidité de toutes les parties qui constituent cet édifice. [Elle est le système de tous les principes de la raison pure.] Que cette Critique ne s’appelle pas déjà elle-même philosophie transcendantale, cela tient simplement à ce que, pour être un système complet, elle devrait contenir encore une analyse détaillée de toute la connaissance humaine a priori. Or, notre Critique, il est vrai, doit aussi mettre absolument sous les yeux un dénombrement complet de tous les concepts primitifs qui constituent cette connaissance pure. Seulement elle s’abstient avec raison de l’analyse détaillée des concepts mêmes ainsi que du recensement complet de ceux qui en dérivent ; la raison en est, d’un côté, que cette analyse ne serait pas conforme au but de la critique, puisqu’elle ne présente pas la difficulté qui se rencontre dans la synthèse, objet propre de toute la critique, et, d’un autre côté, qu’il serait contraire à l’unité du plan d’entreprendre la justification de la perfection de cette analyse et de cette dérivation, ce dont on peut très bien se dispenser par rapport au dessein que nous avons. Cette perfection dans l’analyse, aussi bien que la perfection dans la dérivation des concepts a priori qui en découleront plus tard, est cependant facile à suppléer pourvu que ces concepts existent tout d’abord à titre de principes détaillés de la synthèse et que rien ne leur manque par rapport à ce but essentiel.

A la critique de la raison pure appartient donc tout ce qui constitue la philosophie transcendantale ; elle est l’idée intégrale de la philosophie transcendantale, mais non pas encore cette science même, puisqu’elle ne s’avance dans l’analyse qu’autant qu’il est requis pour l’appréciation complète de la connaissance synthétique a priori.

Il faut surtout faire attention, dans la division d’une telle science, à ne laisser entrer aucun concept qui contienne rien

  1. 2e  édition : est l’idée d’une science.