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CRITIQUE DE LA RAISON PURE


repose sur des principes synthétiques ou extensifs de cette espèce ; car les principes analytiques sont sans doute très-importants et très-nécessaires, mais ils ne servent qu’à donner aux concepts la clarté indispensable à cette synthèse sûre et étendue qui seule est une acquisition réellement nouvelle.

V

Toutes les sciences théorétiques de la raison contiennent des jugements synthétiques qui leur servent de principes[ndt 1].

I. Les jugements mathématiques sont tous synthétiques. Cette proposition semble avoir échappé jusqu’ici à l’observation de tous ceux qui ont analysé la raison

  1. Cette section et la suivante sont encore des additions de la seconde édition. La première ne contenait que les lignes qui suivent avec la note correspondante :

    « Il y a donc ici au fond une sorte de mystère * dont l’explication peut seule rendre sûrs et incontestables les progrès de l’esprit dans le champ sans bornes de la connaissance purement intellectuelle. Il s’agit de découvrir dans toute son universalité le principe de la possibilité des jugements synthétiques à priori, de constater les conditions qui rendent possible chaque espèce de jugements de cette sorte, et, non pas d’indiquer dans une esquisse rapide, mais de déterminer d’une manière complète et qui suffise à toutes les applications, toute cette connaissance (qui constitue leur espèce propre), en la ramenant à un système suivant ses sources originaires, ses divisions, son étendue et ses limites. »

    * « S’il était venu à l’esprit de quelque ancien de poser seulement cette question, elle aurait opposé à elle seule une puissante barrière à tous les systèmes de la raison pure qui se sont élevés jusqu’à nos jours, et elle aurait épargné bien des tentatives inutiles, auxquelles on s’est livré aveuglément sans savoir proprement de quoi il s’agissait. »