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ANALYTIQUE DU BEAU


de goût, tout ce qui est proposé comme exemple au jugement de goût, et même le goût de chacun. Idée signifie proprement un concept de la raison, et idéal la représentation de quelque chose de particulier, considéré comme adéquat à une idée. Aussi, ce prototype du goût, qui repose assurément sur l’idée indéterminée que la raison nous donne d’un maximum, mais qui ne peut être représenté par des concepts, ne pouvant l’être que dans une exhibition particulière, est-il mieux nommé idéal du beau. C’est un idéal dont nous ne sommes pas en possession, mais que nous nous efforçons de produire en nous. Mais ce ne sera qu’un idéal de l’imagination parce qu’il ne repose pas sur des concepts, mais sur l’exhibition, et que la faculté d’exhibition n’est autre que l’imagination. — Or, comment obtenons-nous un pareil idéal de la beauté ? A priori ou empiriquement. Et encore, quelle espèce de beau est capable d’un idéal ?

D’abord, il faut bien remarquer que la beauté à laquelle on doit chercher un idéal ne peut être la

    ne peuvent être pris que dans une langue morte et savante ; dans une langue morte, pour n’avoir pas à souffrir les changements auxquels les langues vivantes sont inévitablement sujettes, et qui rendent plates et vieilles les expressions jadis nobles ou usitées et ne laissent qu’une courte durée aux expressions nouvellement créées ; dans une langue savante, afin qu’il y ait une grammaire qui ne soit pas soumise aux variations arbitraires de la mode, mais dont les règles soient immuables.