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iv
AVANT-PROPOS


même bien connue parmi nous et qu’on lui ait rendu tous les honneurs qu’elle mérite. M. Cousin qui a élevé en France l’étude de l’histoire de la philosophie à la hauteur d’une méthode, et lui-même a tant fait pour l’avancement de cette étude, ne pouvait passer indifférent à côté d’une

    l’école à laquelle il avait fait une si rude guerre en Allemagne, et qui, puissante encore chez nous au début de ce siècle, allait bientôt perdre sa domination et son crédit. — Dans son Histoire comparée des systèmes de philosophie, relativement aux principes des connaissances humaines, qui parut en 1804, M. de Gérando entreprit d’esquisser et de juger la philosophie critique (Tome ii, ch. xvi et xvii), et si son esquisse et son appréciation sont encore bien superficielles et bien incomplètes, elles ne manquent pas d’intérêt, surtout quand on se reporte à l’époque où fut écrite cette histoire. Il est juste aussi de rappeler ce que nous apprend M. de Gérando lui-même dans une note de son ouvrage (tome ii, p. 174) que, cinq ans avant la publication de cet ouvrage, il avait présenté à l’Institut une notice sur la philosophie critique, à laquelle le prix avait été décerné, mais qu’il avait retranchée à l’impression, la jugeant trop insuffisante, et que, deux ans plus tard, il lui communiqua une notice plus détaillée. — Le livre de l’Allemagne, qui contient sur Kant quelques pages brillantes (troisième partie, ch. vi), imprimé et supprimé, comme on sait, par la police impériale en 1810, parut à Paris en 1814. — Puisque nous parlons des premiers travaux auxquels donna lieu en France la philosophie de Kant, il faut citer un choix de morceaux publiés par le Conservateur en 1800 (le Conservateur ou recueil de morceaux inédits d’histoire, de politique, de littérature et de philosophie, tirés des portefeuilles de N. François (de Neufchateau), Paris, Crapelet, an viii, tome ii) ; ce sont : 1 ° une Notice littéraire sur M. Emmanuel Kant et sur l’état de la Métaphysique en Allemagne au moment où ce philosophe a commencé à y faire sensation, tirée du Spectateur du Nord ; 2° une traduction d’un petit écrit de Kant intitulé : Idée de ce que pourrait être une histoire universelle dans les vues d’un citoyen du monde ; 3° une traduction de l’abrégé de la Religion dans les limites de la raison. Cet abrégé, dont MM. Lortet et