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ANALYTIQUE DU SUBLIME.

mugissant, une solitude profonde et qui dispose aux méditations mélancoliques, etc., ce sentiment n’est pas, si nous nous savons en sûreté, une crainte réelle, mais seulement un essai que nous tentons sur notre imagination pour sentir la puissance de cette faculté, pour accorder avec le calme de l’esprit le mouvement excité par ce spectacle, et pour nous montrer par-là supérieurs à la nature intérieure, et par conséquent à la nature extérieure, en tant qu’elle peut avoir de l’influence sur le sentiment de notre bien-être. En effet, quand l’imagination s’exerce suivant la loi d’association, elle fait dépendre notre satisfaction de conditions physiques ; mais, quand elle se conforme aux principes du schématisme du Jugement (par conséquent quand elle se soumet à la liberté), elle est un instrument de la raison et de ses idées, et à ce titre elle éveille en nous cette puissance qui proclame notre indépendance à l’égard des influences de la nature, qui regarde comme rien tout ce qui est grand comme objet de la nature, et qui ne place l’absolue grandeur que dans notre propre destination (la destination du sujet). Cette réflexion du Jugement esthétique, par laquelle nous cherchons à mettre l’imagination d’accord avec la raison (mais sans aucun concept déterminé de cette faculté) nous montre une finalité subjective pour la raison (comme faculté des idées) dans certains objets, à cause de cette dis-