Page:Kant - Critique du jugement, trad. Barni, tome premier.djvu/252

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cun. En d’autres termes, on peut justement exiger ici de chacun le plaisir ou la finalité subjective de la représentation pour les facultés de connaître dans leur application à un objet sensible en général[1].

REMARQUE.

Ce qui rend cette déduction si facile, c’est qu’elle n’a pas à justifier la réalité objective d’un concept ; car la beauté n’est pas un concept d’objet, et le jugement de goût un jugement de connaissance. Tout ce qu’affirme ce jugement, c’est que nous sommes fondés à supposer universellement en tout homme ces conditions subjectives de la faculté de juger que nous trouvons en nous, et que nous avons exactement subsumé l’objet donné sous ces conditions. Or cette subsumption présente, sans doute, d’inévitables difficultés que ne présente pas le jugement logique (car dans celui-ci on subsume sous

  1. Pour être fondé à réclamer l’assentiment universel en faveur d’une décision du Jugement esthétique, reposant uniquement sur des principes subjectifs, il suffit qu’on accorde : 1° que chez tous les hommes, les conditions subjectives de la faculté de juger sont les mêmes, en ce qui concerne le rapport des facultés de connaître, qui y sont mises en activité, avec la connaissance en général ; ce qui doit être vrai, puisque sans cela les hommes ne pourraient pas se communiquer leurs représentations et leurs connaissances ; 2° que le jugement en question n’a égard qu’à ce rapport (par conséquent à la condition formelle de la faculté de juger) et qu’il est pur, c’est-à-dire qu’il n’est mêlé ni avec des concepts d’objet ni avec des sensations. Que si on néglige cette seconde condition, on appliquera inexactement à un cas particulier un droit qui nous donne une loi, mais cela ne détruit nullement ce droit en général.