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AVANT-PROPOS


C’est là que Kant paraît tout au long ce qu’on le retrouve parfois dans certains passages de ses grands ouvrages, surtout dans les remarques et dans les notes, un homme d’infiniment d’esprit, dans le sens moderne et français de ce mot, un fin <et délicat observateur de la nature humaine, un ingénieux écrivain. Car ce profond penseur, ce génie abstrait, cet écrivain barbare était aussi tout cela. Son chef-d’œuvre sous ce rapport est sans contredit le petit ouvrage que je viens de citer. Aussi a-t-il été déjà traduit trois fois en français (1)[1] ; mais il était bon de le retraduire, et j’ai voulu en joindre une nouvelle traduction à celle de la Critique du Jugement, parce que ces deux ouvrages, quoique bien différents par la forme et le fond, ont un sujet commun, le beau et le sublime, et qu’il est curieux de rapprocher ces deux manières si différentes dont Kant a traité le même sujet à vingt-six ans de distance.

Il ne faut pas chercher d’ailleurs dans les Observations sur le sentiment du beau et du sublime le

    littéraire. Héritier de cette tâche, je m’efforcerai de justifier la bienveillance qui me l’a confiée.

  1. (1) La première traduction est celle que j’ai indiquée plus haut. Elle est de 1796. — La seconde est de M. Kératry ; elle est précédée d’un long commentaire (Examen philosophique des considérations sur le sentiment du sublime et du beau de Kant, Paris, 1823). — Une autre traduction fut publiée la même année par M. Weyland sous ce titre : Essai sur le sentiment du beau et du sublime.