Page:Kant - Critique du jugement, trad. Barni, tome premier.djvu/349

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des lois morales, c’est-à-dire de la liberté transcendentale, ce concept est déjà, quant à l’espèce, un concept indémontrable et une idée rationnelle, tandis que celui de la vertu l’est quant au degré ; car on ne peut rien trouver dans l’expérience qui corresponde au premier quant à la qualité ; et, pour le second, il n’y a pas d’effet empirique qui atteigne le degré que l’idée rationnelle prescrit comme une règle à cette causalité.

De même que, dans une idée rationnelle, l’imagination, avec ses intuitions, n’atteint pas le concept donné, ainsi, dans une idée esthétique, l’entendement, au moyen de ses concepts, n’atteint jamais toute cette intuition intérieure que l’imagination joint à la représentation donnée. Or, comme ramener une représentation de l’imagination à des concepts s’appelle les exposer, l’idée esthétique peut être appelée une représentation inexponible de l’imagination (dans son libre jeu). J’aurai encore l’occasion dans la suite de dire quelque chose de cette espèce d’idée ; je veux seulement remarquer ici que ces deux sortes d’idées, les idées rationnelles et les idées esthétiques, doivent avoir toutes deux leurs principes dans la raison, les premières dans les principes objectifs, les secondes dans les principes subjectifs de l’usage de cette faculté.

On peut d’après cela définir le génie la faculté des idées esthétiques ; par où on montre en même