Page:Kant - Critique du jugement, trad. Barni, tome premier.djvu/360

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près le principe du réalisme, comme nous le montrerons dans la seconde, partie) ; mais en même temps aussi peut-être se compose-t-elle et se forme-t-elle en liberté, d’après la loi générale de l’affinité des matières. Or, comme les vapeurs, répandues dans une atmosphère qui est un mélange de différents gaz, produisent, par l’effet du refroidissement, des cristaux de neige, qui, suivant les diverses circonstances atmosphériques dans lesquelles ils se forment, paraissent très artistement formés et sont singulièrement beaux ; ainsi, sans rien ôter au principe téléologique en vertu duquel nous jugeons l’organisation, on peut bien penser que la beauté des fleurs, des plumes d’oiseaux, des coquillages, dans la forme comme dans la couleur, peut être attribuée à la nature et à la propriété qu’elle a de produire librement, sans aucun but particulier, et d’après des lois chimiques, par l’arrangement de la matière nécessaire à l’organisation, certaines formes qui montrent de plus une finalité esthétique.

Mais ce qui prouve directement que le principe de l’idéalité, de la finalité sert toujours de fondement aux jugements que nous portons sur le beau de la nature, et ce qui nous empêche d’admettre comme principe d’explication une fin réelle de la nature pour notre faculté de représentation, c’est qu’en général, quand nous jugeons de la beauté, nous cherchons en nous-mêmes a priori la mesure