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DE SCHULE.

que l’amélioration de l’homme. — Ici se place la solution de la difficulté de savoir comment Dieu peut être l’auteur du péché. — La vertu et le vice ne sont pas essentiellement distincts. (Sur ce point encore la différence spécifique admise généralement est convertie en une simple différence de degré.) La vertu ne peut exister sans le vice, et les vices ne sont que des occasions de devenir meilleur (de s’élever ainsi un degré plus haut). Les hommes ne peuvent pas s’accorder sur ce qu’ils nomment vertu, excepté sur celle sans laquelle il n’y a pas de bien possible pour l’homme, c’est-à-dire la vertu universelle ; mais de s’écarter de cette vertu, c’est ce qui est absolument impossible à l’homme, et celui qui s’en écarte n’est pas vicieux, mais fou. L’homme qui se rendrait coupable d’un vice universel agirait contre l’amour de soi, ce qui est impossible. Par conséquent le chemin de la vertu universelle est si exactement fermé des deux côtés que tous les hommes y doivent nécessairement rester. Il n’y a que la disposition particulière de chacun qui constitue ici une différence entre eux ; s’ils échangeaient leurs positions, celui-ci agirait comme fait celui-là. La bonté ou la méchanceté morale ne signifient rien de plus qu’un degré supérieur ou inférieur de perfection. Les hommes sont vicieux en comparaison des anges, et ceux-ci en comparaison de Dieu. — C’est pourquoi, puisqu’il n’y a aucune liberté, toutes les punitions vengeresses sont injustes, particulièrement la peine de mort ; pour atteindre le but des lois pénales, il suffirait de mettre à la place, non pas le moins du monde un simple avertissement, mais uniquement la réparation et l’amélioration. Décerner des éloges pour un acte utile, c’est faire preuve de peu de connaissance des hommes ; l’homme y était tout aussi bien prédéterminé et entraîné que l’incendiaire à brûler une maison. La louange n’a d’autre but que d’encourager l’auteur de l’action et ses semblables à faire d’autres bonnes actions du même genre.

L’auteur appelle cette doctrine de la nécessité une salutaire doctrine[1] ; il soutient que la morale conserve excellemment par là sa valeur propre, et il remarque à ce propos qu’il faudrait faire main basse sur ces docteurs qui nous peignent

  1. Eine selige Lehre.