Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/114

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straction, et qui par suite d’une comparaison, semblait constituer une espèce de connaissance, était pleinement recueilli ; mais ce n’était qu’un agrégat : et il sait aujourd’hui que cette espèce de connaissance ne peut se composer que de ces éléments, qu’elle n’en peut avoir ni plus ni moins ; il voit la nécessité de sa division, ce qui est un fait de conception, et possède enfin un système.

Pour tirer de la connaissance commune les notions qui n’ont aucune expérience particulière pour fondement, et qui néanmoins se présentent dans toute connaissance expérimentale, dont elles constituent comme la forme de la liaison, il ne lui a pas fallu plus de réflexion ou de connaissance que pour tirer d’une langue des règles de l’usage réel des mots, et pour composer ainsi les éléments d’une grammaire (en réalité les deux opérations se ressemblent beaucoup), sans cependant pouvoir dire pourquoi chaque langue possède telle propriété formelle et pas une autre, et moins encore pourquoi en général tel nombre de déterminations formelles de cette espèce, ni plus ni moins, peuvent se rencontrer.

Aristote avait recueilli dix notions fondamentales de cette espèce, sous le nom de catégories[1]. Il se vit bientôt dans la nécessité d’ajouter à ces catégories, qu’il appelait aussi prédicaments, cinq autres notions, qu’il appela postprédicaments[2], qui cepen-

  1. 1o substantia, 2o qualitas, 3o quantitas, 4o relatio, 5o actio, 6o passio, 7o quando, 8o ubi, 9o situs, 10o habitus.
  2. Oppositum, prius, motus, habere.