Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/273

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temps avant la Critique de notre faculté de juger synthétiquement a priori, une proposition synthétique toujours fort contestée, à savoir : que le temps et l’espace, et les choses qu’ils contiennent se composent d’éléments simples, sans même qu’il s’occupe du moindre examen critique préalable de la possibilité d’une pareille détermination du sensible par des idées du sursensible, examen qui devait cependant lui sembler nécessaire par la contradiction des mathématiques, et qui donne dans son propre procédé le meilleur exemple de ce que la Critique appelle le dogmatisme qui doit toujours être rejeté de toute philosophie transcendantale, et dont la signification cette fois, je l’espère, ne lui échappera point, puisqu’il s’agit de son propre exemple.

Avant donc d’aborder la solution de ce problème principal, il est absolument nécessaire d’avoir une notion claire et déterminée de ce que la Critique entend en général d’abord par jugement synthétique, à la différence des jugements analytiques ; secondement de ce qu’elle entend par l’expression de jugements synthétiques a priori, à la différence des jugements empiriques du même genre. Le premier point a été établi par la Critique aussi clairement et répété aussi souvent qu’on peut le désirer. Les jugements synthétiques sont ceux par le prédicat desquels j’attribue plus au sujet du jugement que ce que je pense dans la notion dont j’énonce le prédicat ; ce prédicat ajoute par conséquent à la connaissance de ce que contenait la première notion. Pareille chose n’a pas lieu dans les