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PROGRÈS DE LA MÉTAPHYSIQUE


port à toutes leurs déterminations internes (de qualité et de quantité), une notion comme de deux choses, nous nous trompons, et que nous devons les regarder comme une seule et même chose (numero eadem). Il ne pouvait pas admettre que nous pouvons cependant les distinguer par les lieux dans l’espace, parce que des espaces tout à fait semblables et égaux peu vent être représentés en dehors les uns des autres sans qu’on puisse dire pour cela qu’il n’y a qu’un seul et même espace, attendu qu’autrement nous pourrions réduire l’espace infini à un pouce cube, et même à moins ; car il n’accordait qu’une distinction par notion, et n’admettait pas de mode de représentation qui en fut spécifiquement distinct, à savoir une intuition, même a priori. Il croyait plutôt devoir la résoudre en pures notions de coexistence ou de succession, et donna par là un démenti à l’entendement humain, qui ne se laissera jamais persuader que si une goutte est en un lieu, elle soit un obstacle à ce qu’une autre goutte d’eau toute pareille soit en un autre lieu.

2° Son principe de la raison suffisante, auquel il ne crut pas pouvoir subordonner une intuition a priori, mais dont au contraire il ramena la représentation à de pures notions a priori, eut pour conséquences : de faire considérer toutes les choses, métaphysiquement conçues, comme composées de réalité et de négation, d’existence et de non-existence, de même que tout, suivant Démocrite, se composait, dans l’espace cosmique, d’atomes et de vide, et de donner pour raison d’une négation qu’il n’y a pas de raison de poser