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DEPUIS LEIBNIZ ET WOLF.

comme sursensible, mais comme faculté connaissable par le canon de la morale, revient au point de vue qui a pour objet la fin dernière, le souverain bien à réaliser dans le monde, et dont la possibilité est complétée par les idées de Dieu et de l’immortalité, et finit par la confiance qu’inspire la moralité même d’y réussir. De cette manière cette notion reçoit une réalité objective, mais pratique.

Vouloir prouver théorico-dogmatiquement ces propositions : Il y a un Dieu ; il y a dans la nature du monde une disposition primitive, quoique incompréhensible, à l’accord avec la finalité morale ; il y a enfin dans l’âme humaine une disposition qui la rend capable d’un progrès constant dans cette voie ; vouloir prouver ces propositions, disons-nous, c’est se jeter dans l’infini, quoiqu’en ce qui regarde la deuxième proposition, l’explication qu’on en donne par la finalité physique qui se rencontre dans le monde puisse être très favorable à une finalité morale. Il faut en dire autant de la modalité de la croyance, de la connaissance et du savoir présumé, en quoi l’on oublie’que ces idées, œuvre arbitraire de nous-mêmes, et nullement dérivées des objets, n’aboutissent qu’à légitimer théoriquement la croyance (Annehmen) de la finalité rationnelle, et même à l’affermir au point de vue pratique.

De là aussi la conséquence remarquable que le progrès de la métaphysique dans son troisième stade, dans le champ de la théologie, est le plus facile de tous, par la raison qu’il tend au but final. Et quoiqu’ici la mé-