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DEPUIS LEIBNIZ ET WOLF.


dans ce champ, est par conséquent tout à fait vaine.


Théorie transcendante.


La raison veut, en métaphysique, se faire une notion de rorigine de toutes choses, de l’être premier (ens originarium), et de ses qualités intrinsèques. Elle commence subjectivement par la notion primitive (conceptus originarius) de quelque chose en général (realitatis), c’est-à-dire de ce dont la notion en soi représente un être, à la différence de ce dont la notion représente un non-être. Seulement, pour concevoir objectivement aussi l’inconditionné dans cet être premier, elle se représente celui-ci comme contenant le tout (omnitudo) de la réalité (ens realissimum.). Elle en détermine ainsi la notion universellement ; ce que ne peut faire aucune autre notion. Quant à la possibilité d’un tel être, elle ne fait, ajoute Leibniz, aucune difficulté de la prouver, parce que des réalités, comme pures affirmations, ne peuvent se contredire, et que ce qui est concevable, c’est-à-dire tout ce dont on a la notion est aussi une chose possible, par le fait que la notion n’est pas contradictoire. Sur quoi cependant la raison, conduite par la Critique, pourrait bien hésiter.

La métaphysique a bien du bonheur si par hasard ëlle ne prend pas ici de simples notions pour des •choses, et des choses, ou plutôt leurs noms, pour, ! i des notions, et si, par le fait, elle ne raisonne pas entièrement dans le vide.

A la vérité, quand nous voulons nous faire une no-


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