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SUR LA PHILOSOPHIE


sentiment rien avec cette notion. Le jugement de la perfection comprend nécessairement une notion d’objet, notion dont il n’a pas besoin lorsqu’il est porté par le plaisir, une simple intuition empirique pouvant l’occasionner. Au contraire, la représentation d’une finalité subjective d’un objet ne fait qu’un avec le sentiment de plaisir (mais sans notion abstraite d’un rapport final), et entre cette représentation et ce plaisir est un abîme immense ; car pour savoir si ce qui est subjectivement conforme à une fin l’est aussi objectivement, il faut une connaissance fort étendue, non seulement de la philosophie pratique, mais encore de la technique, que cette technique soit celle de la nature ou celle de l’art. En d’autres termes : pour trouver la perfection en une chose, il faut la raison pour y reconnaître l’admissibilité {Annemlichkeit), le simple sens, pour y reconnaître la beauté, la simple réflexion (sans aucune notion), appliquée à une représentation donnée y suffit.

La réflexion esthétique ne juge donc que delà finalité subjective (non de la perfection) de l’objet ; et l’on se demande si c’est seulement au moyen (vermittelst) du plaisir et de la peine que fait éprouver cet objet, ou bien encore sur (über) ce plaisir et cette peine, de telle façon que le jugement décide en même temps que le plaisir ou la peine doit être liée à la représentation de l’objet ?

Cette question, comme il a déjà été dit plus haut, ne peut pas encore être ici résolue d’une manière décisive. Il faut décider avant tout, d’après l’exposition