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EN GÉNÉRAL.


de cette espèce de jugements dans un traité spécial qui fait partie de la Critique du jugement, s’ils contiennent en soi une universalité et une nécessité qui les rendent propres à la dérivation d’un principe de détermination a priori. Dans ce cas, le jugement déterminerait sans doute quelque chose a priori par la faculté de connaître (surtout par celle de juger) au moyen de la sensation de plaisir et de peine, mais en même temps aussi sur la généralité de la règle pour la rattacher à une représentation donnée. Si au contraire le jugement ne devait contenir que le rapport de la sensation au sentiment (sans l’intermédiaire d’un principe de connaissance) comme il arrive dans le cas des jugements esthétiques de sentiment (ce qui n’est ni un jugement de connaissance ni un jugement de réflexion), tous les jugements esthétiques sériaient alors purement empiriques.

Il faut remarquer encore préalablement que de la connaissance au sentiment de plaisir et de peine il n’y a aucun passage possible par des notions d’objets (en tant que ces notions doivent être en rapport avec ce sentiment), et que l’on ne peut par conséquent pas espérer de déterminer a priori l’influence qu’une représentation donnée exerce sur l’âme. C’est ainsi que nous avons précédemment remarqué, dans la Critique de la raison pratique, que la représentation d’une t égalité universelle de vouloir, qui est en même temps déterminante de la volonté, et qui doit sans doute exciter aussi par là le sentiment du respect, comme une loi contenue, même a priori, dans notre jugement