Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/74

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aussi que les lois de la nature dans les objets, s’ils ne sont pas considérés par rapport à une expérience possible, mais comme des choses en soi, ne peuvent jamais êtres connues a priori. Nous n’avons donc pas affaire ici aux choses en elles-mêmes (dont les propriétés ne nous occupent pas), mais simplement aux choses comme objets d’une expérience possible, et leur ensemble est proprement ce que nous appelons ici nature. Je me demande donc si, quand il s’agit de la possibilité d’une connaissance physique a priori, il vaut mieux poser ainsi la question : comment est-il possible de connaître la légitimité nécessaire des choses comme objets de l’expérience ; ou de cette façon : Comment peut-on connaître a priori en général la légitimité nécessaire de l’expérience même par rapport à tous ces objets ?

En y regardant d’un peu près, on s’aperçoit que la solution de la question, de quelque manière que cette question soit posée, revient entièrement au même par rapport à la connaissance naturelle pure (qui constitue proprement le point de la question). Car les lois subjectives sous lesquelles seules une connaissance expérimentale des choses est possible, valent aussi de ces choses comme objets d’une expérience possible (mais nullement de ces mêmes choses considérées en soi, et dont il ne peut être ici question). Il est complétement indifférent que je dise : Sans la loi qui veut que, si un événement est perçu, il soit toujours rapporté à quelque chose qui le précède, et qu’il suit d’après une règle universelle, un jugement perceptif ne peut ja-