Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/115

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1565. et ne leur dissimulait pas son projet d’exterminer les premiers (22), pour régner ensuite plus librement, entouré de la nouvelle noblesse qui lui était dévouée comme à un père, comme à un bienfaiteur, tandis que les boyards regrettaient le temps, où, protégés par Adaschef, ils vivaient en liberté et tenaient leur souverain en esclavage. Tels étaient les discours de Jean. Naturellement ennemis de la Russie, devenue redoutable pour les puissances voisines, et sans autre désir que celui de complaire au tzar, les étrangers ne songeaient pas, sans doute, à le tirer de sa funeste erreur, à changer le cours de ses sombres pensées, à s’exposer à son couroux par le langage de la vérité : ils pouvaient même voir avec un secret plaisir l’orage qui renversait les principales colonnes d’une grande monarchie, car le tzar était acharné à la perte de ses meilleurs généraux, de ses plus sages conseillers. Ils gardaient donc le silence ou bien encensaient le tyran ; les Russes de distinction, privés d’un libre accès auprès du souverain, et sous la dénomination presque ignominieuse de boyards de la commune, se trouvaient impudemment offensés par les infâmes légionnaires, menacés de l’exil, de la mort ; de sorte que ni eux, ni le clergé n’osaient élever la voix. Mais