Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/118

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trateur 1566. zélé de cette île jusqu’alors inaccessible et sauvage, éclaircissant les forêts, perçant des chemins, desséchant les marais ; il y introduisit des cerfs, du bétail, établit des pêcheries, des salines, en un mot employa tous ses moyens à embellir ce désert. Un air plus salubre tempéra bientôt l’âpreté du climat. C’est dans le couvent de Solovky que l’immortel Sylvestre, aimé, respecté de Philippe, avait terminé sa carrière (23). Il est vraisemblable que le déplorable changement de caractère du tzar avait été plus d’une fois le triste objet de leurs entretiens, et que l’exilé avait ouvert au prieur son âme, autrefois charmée de la conversion du jeune prince, heureuse de la tranquillité, du bonheur de l’État. Ces entretiens avaient pu préparer Philippe au grand exploit qui lui était réservé, bien que ce pieux anachorète, retiré à l’extrémité de l’univers, fût loin de pressentir une semblable gloire. Personne ne songeait à lui, à l’exception de Jean qui, après avoir rejeté Germain, imagina de donner la métropole à Philippe, de préférence à tous les évêques ou archimandrites, afin de témoigner par là le prix qu’il mettait aux vertus chrétiennes, afin de prouver que les déserts les plus reculés ne les dérobaient point à ses yeux. Le prieur de Solovky ayant reçu du tzar une