Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1566. contre cette légion. En effet, les satellites qu’il envoyait comme espions dans la capitale, lui rapportaient que, dans les rues et les places publiques, on les fuyait comme la peste ; que partout où l’on voyait paraître un opritchnik, les citoyens gardaient un profond silence. L’imagination de Jean se remplit bientôt d’intrigues et de complots qu’il croyait urgent de découvrir, de prouver, et la circonstance suivante donna lieu à de nouveaux massacres. 1567.
Troisième époque des massacres.
Un jour on remit en secret, aux princes Belzky, Mstislavsky, Vorotinsky, ainsi qu’au grand ecuyer Féodorof, principaux boyards moscovites, une lettre signée par le roi Sigismond et par Kotkévitch, hettmann de Lithuanie, dans laquelle on les engageait à abandonner un prince cruel pour entrer au service de Pologne, leur promettant de riches fiefs. Le roi et l’hettmann rappelaient aux deux premiers qu’ils étaient d’origine lithuanienne ; au troisième que jadis il avait été prince souverain ; enfin, à l’écuyer Féodorof que, dans plus d’une occasion, le tzar lui avait déjà fait pressentir son courroux. Les boyards s’empressèrent de présenter cette lettre à Jean ; ensuite ils répondirent au roi qu’il était contre les lois de l’honneur d’exciter à la trahison de fidèles sujets, prêts à mourir pour un monarque