Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/131

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1568. foulez aux pieds crient vengeance au ciel ! Ô prince, je vous parle comme pasteur des âmes, et je ne crains que Dieu seul. Jean, frémissant de rage, frappe de son bâton le pavé du temple, et s’écrie d’une voix terrible : Moine audacieux ! jusqu’ici je vous ai trop épargnés, rebelles que vous êtes ! à dater de ce jour, je serai tel que vous me représentez.… À ces mots il sort de l’église, le regard menaçant, et dès le lendemain les assassinats recommencent. Au nombre des grands on vit périr le prince Pronsky (30). Les principaux officiers du métropolitain furent tous arrêtés, torturés, mis à la question à l’effet de leur faire avouer les secrets desseins de Philippe ; tourmens inutiles qui ne produisirent aucune découverte. Jean n’osait pas encore porter la main sur le prélat lui-même, plus que jamais chéri, respecté par le peuple : il suspendait le coup qu’il voulait lui porter. En attendant que faisait-il ? Voici, à ce sujet, le rapport de témoins oculaires.

Au mois de juillet 1568 (31), à minuit, les favoris du prince, Viazemsky, Maluta-Skouratof, Griaznoï, à la tête de la légion des élus, enfoncent les maisons d’un grand nombre de seigneurs, de négocians, enlèvent les femmes connues par leur beauté, et les conduisent hors de la ville.