Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/132

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1568. Au lever du soleil, ils sont rejoints par le tzar en personne, escorté de mille satellites. On se met en route : à la première couchée on lui présente les femmes, parmi lesquelles il en choisit quelques unes, abandonnant les autres à ses favoris. Ensuite il fait avec eux le tour des murs de Moscou, brûlant les métairies des boyards disgraciés, mettant à mort leurs fidèles serviteurs, exterminant jusqu’aux bestiaux, surtout dans les villages de Kolomna qui appartenaient au grand écuyer Féodorof (32) ; rentré dans Moscou, il fit reconduire chez elles les femmes enlevées, dont plusieurs moururent de honte et de douleur.

Jean fuyait le métropolitain, mais il le voyait quelquefois à l’église. Un jour (le 28 juillet) Philippe officiait dans le couvent de Novodiévitchié, et faisait le long des murailles une procession où se trouvait le tzar avec ses opritchniks. Le métropolitain s’étant aperçu qu’un de ceux-ci avait eu l’effronterie de se mettre une calotte sur la tête, s’arrêta, et saisi d’indignation, il en avertit le monarque ; mais déjà le soldat avait enlevé et caché sa calotte. On persuada au tzar que cette accusation était un conte forgé à plaisir pour exciter le peuple contre ses favoris, et ce prince oubliant toute bienséance, insulta publi-