Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/133

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quement 1568. le métropolitain, le traita d’imposteur, de séditieux, de scélérat ; il protesta qu’il saurait prouver ce qu’il avançait, et, sans tarder davantage, il fit procéder à l’instruction de la procédure, d’après les conseils de l’artificieux Eustache, son confesseur, ennemi secret de Philippe. Aussitôt on expédia à Solovky, Paphnutius, évêque de Souzdal, Théodose, archimandrite du couvent d’Andronik, et le prince Temkin, jadis illustre guerrier, mais devenu depuis, ainsi que les Basmanofs et autres, serviteur zélé de la tyrannie. Fallait-il aller aussi loin pour trouver d’infâmes calomniateurs ? On pouvait s’en dispenser ; mais c’était à la source même où elle avait brillé avec tant d’éclat, que le tzar voulait ternir la vertu. C’est dans cette île éloignée où Philippe s’était rendu illustre par sa sainteté, qu’il prétendait mettre au jour l’hypocrisie, l’impureté de son âme, idée qui paraissait à Jean un admirable artifice. Ses envoyés employèrent tour à tour les caresses et les menaces pour engager les moines à calomnier impudemment leur ancien prieur ; tous répondirent que Philippe était saint de fait et de cœur : un seul osa soutenir le contraire. C’était Payssi, leur nouveau directeur, guidé par l’espoir de devenir évêque. On fit un recueil de délations supposées ;