Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/135

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1568. des autels, paissez avec zèle le troupeau du Christ : préparez-vous à en rendre compte et redoutez le juge céleste plus encore que celui de ce monde (33). Après ces mots, il allait s’éloigner, lorsque le tzar s’y opposa et lui dit que ne pouvant être son propre juge, il devait attendre sa sentence ; il le força de reprendre les ornemens de métropolitain et d’officier encore le 8 novembre jour de Saint-Michel-Archange : mais au moment où Philippe, revêtu de ses habits sacerdotaux, disait la messe dans le temple de l’Assomption, on voit paraître le boyard Basmanof, tenant un papier à la main, accompagné d’une troupe d’opritchniks armés. À son aspect le peuple est frappé de stupeur. Basmanof fait lire à haute voix l’écrit dont il était porteur, et l’on apprend que, par décision de l’assemblée du clergé, Philippe est dépouillé du rang de chef de l’Église. Aussitôt les soldats pénètrent dans le sanctuaire, saisissent le métropolitain, lui arrachent les marques de sa dignité, le revêtent d’une soutane grossière, le chassent de l’église à coups de balais, et le conduisent en traîneau au couvent de l’Épiphanie. Le peuple en larmes courait après son pasteur qui, d’un air serein, bénissait les citoyens et leur disait, priez le Seigneur ! Le lendemain il fut amené, pour entendre