Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/136

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1568. sa sentence, à un tribunal présidé par Jean lui-même. Elle portait que, convaincu de délits graves et de sortiléges, Philippe devait terminer ses jours en prison : alors il fit au monde de magnanimes et touchans adieux, sans adresser aucun reproche à ses juges. Néanmoins il conjura pour la dernière fois le tzar d’avoir pitié de la Russie, de ne pas déchirer son peuple ; mais, pour son bonheur et celui de ses États, de se rappeler comment avaient régné ses aïeux, et lui-même dans sa jeunesse. Le prince, au lieu de lui répondre, fait un signe à ses soldats qui se saisissent de Philippe, l’entraînent et le jettent dans un cachot, chargé de fers. Il y resta huit jours. On le transféra ensuite dans le monastère de Saint-Nicolas, au bord de la Moskva, où on le laissa dans un entier dénûment, souffrant et n’ayant, pour se soutenir, d’autre ressource que la prière. Dans le même temps le tzar exterminait l’illustre famille des Kolitchef : il envoya à Philippe la tête de Jean Borissovitch, son neveu, et lui fit dire, voilà les restes de ton parent chéri, tes enchantemens n’ont pu le sauver ! Philippe se lève à ces mots : il prend la tête, la bénit et la remet à l’envoyé de Jean. Cependant ce prince craignit bientôt les suites de l’attachement des Moscovites pour le métro-