Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/166

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1565—1569. fatigue et à demi-morts. Il eût été facile aux Russes d’anéantir entièrement cette déplorable armée, s’ils ne s’étaient conformés au principe d’abandonner à lui-même un ennemi en fuite. Les Turcs désespérés maudissaient le pacha et n’épargnaient pas le sultan qui les avait envoyés dans un pays inconnu, dans l’affreuse Russie, pour y trouver, au lieu de la victoire, la famine et une mort ignominieuse. Après un mois de marche, Kassim, à la tête d’une troupe d’ombres livides et décharnées, arriva à Azof, où il ne put se soustraire qu’à force d’or au fatal cordon, persuadé que l’unique cause de sa disgrâce était d’avoir trop tardé à se mettre en campagne ; Devlet-Ghireï démontra au sultan l’impossibilité de prendre et de garder Astrakhan, trop éloigné des États de Turquie. Puis s’adressant à l’ambassadeur moscovite en Crimée : Votre maître, lui dit-il, doit me savoir gré de ma conduite : j’ai ruiné l’armée du sultan ; je n’ai consenti ni à assiéger Astrakhan, ni à construire une nouvelle forteresse sous les murs de cette ville, d’abord pour être agréable au tzar, ensuite parce que je ne veux pas voir les Turcs maîtres des anciens camps tatars. Pour compléter, de ce côté, la tranquillité de la Russie, le feu ayant pris aux magasins à