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1565—1569. poudre d’Azof, les fit sauter avec la forteresse, et dans un incendie allumé, dit-on, par les Russes, une grande partie de la ville fut réduite en cendres, ainsi que le port avec les vaisseaux de guerre qu’il contenait.

La description de cette campagne désastreuse de l’armée de Sélim est conforme au rapport d’un témoin oculaire, Siméon Maltzof, officier du tzar, dont le nom mérite d’être signalé à la postérité. Il venait du pays des Nogaïs, lorsque, sur les bords du Volga, il fut surpris, entouré par une troupe d’ennemis et n’eut que le temps de cacher dans un arbre de l’île de Tsaritzine les instructions du tzar, qu’il considérait comme un dépôt sacré. Il ne se rendit que couvert de blessures et à demi-mort. Enchaîné sur un canon, expirant de souffrances, de soif et de faim, menacé de la mort à chaque instant, il songeait encore à être utile aux intérêts de son maître. Il épouvantait les Turcs par ses récits ; il leur persuadait que les habitans d’Astrakhan et les Nogaïs les attiraient dans un piége ; que le schah de Perse était allié du tzar qui lui avait envoyé cent pièces de canon et cinq cents pierriers pour attaquer Kassim ; que le prince Sérébrianoï, à la tête de trente mille hommes, voguait vers Astrakhan, tandis que le prince Belzky s’y ren-