Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/198

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1570. Ils étaient accusés d’avoir concerté avec Pimen, le projet de livrer les villes de Novgorod et Pskof aux Polonais, et d’attenter à la vie du tzar pour élever au trône le prince Vladimir Andréiévitch. S’ils accordaient une juste pitié aux dignes fonctionnaires qui avaient bien mérité de la Russie, les Moscovites devaient éprouver une secrète satisfaction en voyant la vengeance divine s’accomplir sur les confidens du prince, sans doute innocens envers lui, mais criminels envers la patrie et l’humanité. Ces cruels courtisans reconnurent trop tard que la faveur d’un tyran est aussi dangereuse que sa haine même, car il ne peut pas avoir une longue confiance dans des hommes dont la perversité lui est connue. Le plus léger soupçon, le moindre mot, une seule pensée suffit pour causer leur perte : en brisant les instrumens de sa tyrannie, l’exterminateur éprouve le sentiment interne de sa justice, jouissance rare pour un cœur avide de sang, endurci au crime, mais encore troublé par la conscience ! Long-temps calomniateurs, ils périrent eux-mêmes victimes d’une calomnie. Jean accordait une confiance sans bornes au grand officier Athanase Viazemsky ; il ne prenait que de la main de ce favori les remèdes prescrits par Arnolphe Lensey, son mé-