Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/200

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1570. Les procès-verbaux, contenant les déclarations de ces malheureux, formèrent un acte d’accusation énorme qui fut présenté au tzar et à son fils. Aussitôt les prétendus traîtres sont condamnés à mort. Leur supplice devait offrir aux regards des habitans de Moscou, déjà habitués aux horreurs, un spectacle capable de les étonner encore !

Le 25 juillet on vit dresser dix-huit potences au milieu de la grande place du marché (dans le quartier de Kitaï-Gorod) ; étaler des instrumens de torture, allumer un énorme bûcher, au-dessus duquel était suspendue une grande cuve remplie d’eau (60). À ces épouvantables apprêts, les Moscovites furent persuadés que leur dernier jour était arrivé, et que le tzar allait exterminer à la fois la capitale et ses habitans. Éperdus de terreur, ils fuient et se cachent partout où ils le peuvent, abandonnant, dans les boutiques ouvertes, leurs marchandises, leur argent. Bientôt la place est déserte ; on n’y voyait qu’une troupe d’opritchniks rangés autour des gibets et du bûcher embrasé, dans un profond silence. Tout à coup l’air retentit du roulement des tambours : on aperçoit le tzar à cheval avec son fils aîné, objet de son affection. Il était accompagné des boyards, des