Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/266

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chniks, 1572. autant par la douceur de son caractère que par la beauté de son physique, complaisant en apparence, inébranlable dans la profondeur de ses vues, courtisan plutôt que guerrier, Godounof ne paraissait sous les drapeaux de la patrie, que près de la personne du monarque et au nombre de ses écuyers. Bien qu’il n’eût encore aucun rang distingué, il figura parmi les premiers officiers de la cour aux noces de Jean avec Marpha, et sa femme y remplit une charge que l’on donnait ordinairement à la première dame ; témoignage de l’extrême faveur dont il jouissait auprès du monarque ! Peut-être cet ambitieux adroit, désirant acquérir des titres à la reconnaissance de la patrie, contribua-t-il à la suppression de l’opritchnina ? Sans faire entendre au tzar le langage de la vertu, que ce monarque détestait, il lui parla, sans doute, avec cette politique indulgente qui ne rebute pas les mauvais princes et qui, fermant les yeux sur une infinité de choses réprouvées par la conscience, mais qu’elle considère comme essentielles pour leur bien-être personnel, ne rejette que le mal inutile dans ce sens : car, ainsi que nous le verrons bientôt, le tzar ne corrigea point ses mœurs, et quoiqu’il eût brisé l’instrument de la tyrannie pour lequel il avait, jusque-là, mon-