Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/364

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1578. se ranger en bataille. On se bat long-temps avec courage, mais dans un moment décisif, la cavalerie tatare abandonne l’infanterie moscovite et prend la fuite. Le désordre se met alors parmi les Russes qui, rompant leurs lignes, rétrogradent vers les retranchemens, où ils arrêtent, par une forte canonnade, l’impétuosité de l’ennemi. La nuit mit fin au combat : Sapiéha et Boë, décidés à le recommencer, attendaient impatiemment le point du jour. Dans cet intervalle, cédant au délire de la frayeur, Galitzin, le premier des généraux moscovites, l’Okolnik Théodore Schérémétief, le prince André Paletzky, et le secrétaire d’État Tchelkalof, homme d’esprit autant que pusillanime, fuyaient au grand galop vers Dorpat, abandonnant au milieu de la nuit leurs troupes livrées à la terreur. Le résultat de cette défection fut une déroute générale : quelques braves essayèrent encore de faire entendre la voix du devoir et de l’honneur ; inutiles efforts ! on ne les écoutait plus ; ils prouvèrent au moins que leurs discours étaient dictés par la véritable grandeur d’âme, en donnant un exemple digne des plus beaux temps de Rome. Fidèles à leurs postes, les voïévodes Basile Sitzky, Voronzof, commandant l’artillerie, Daniel Soltikof, le prince Michel Touffiakin, attendent la