Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/365

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1578. mort qu’ils trouvent le lendemain, au moment où l’ennemi, n’apercevant plus qu’une poignée de braves dans le camp des Russes, fond sur eux avec toutes ses forces. L’officier Tatef, les princes Khvorostinin, Siméon Touffiakin et le secrétaire d’État Kloboukof furent faits prisonniers. Action admirable des canonniers moscovites. L’ennemi se précipite alors sur les batteries et s’arrête étonné à la vue d’un incroyable trait de fidélité militaire. Pénétrés d’horreur à l’idée de se rendre, les canonniers moscovites s’étaient pendus à leurs pièces !…. Aucune illusion de gloire n’avait inspiré ces valeureux soldats ! leurs noms sont restés inconnus, et cet acte d’héroïsme eût été perdu pour la postérité, si un homme de mérite, Leidenstein, secrétaire du roi, ne l’eût rapporté dans l’histoire de ce prince, avec l’admiration qu’inspire à une âme élevée tout ce qui a le caractère de la grandeur, même chez des ennemis. Dix-sept pièces de canon tombèrent entre les mains des vainqueurs, avec tous les bagages et une grande quantité de chevaux tatars. Les Russes eurent six mille hommes de tués dans ce combat. Ainsi commencèrent les succès de Batory et les revers de Jean, dans une guerre déplorable par ses résultats plutôt qu’ignominieuse pour la Russie, qui avait tout pour enchaîner la victoire, force, valeur, dévouement,